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PEREDUR AB EVRAWC

Arthur et tous ses gens, ainsi que Gwenhwyvar et ses dames. Un page de la chambre servait à boire à. Gwenhwyvar d’une coupe d’or. Le chevalier en jeta le contenu sur le visage et le sein de la reine, et lui donna un grand soufflet, en disant : S’il y a quelqu’un d’assez intrépide pour me disputer cette coupe et venger Voutrage de Gwenhwyvar, qu’il vienne à ma suite dans le pré, et je l’y attendrai. » Le chevalier prit son cheval et se rendit au pré..

Tous les gens de la cour baissèrent la tête, de peur qu’on ne demandât à l’un d’eux d’aller venger l’outrage de Gwenhwyvar : il leur semblait que jamais homme n’aurait fait un coup aussi audacieux, s’il n’avait possédé telle vaillance et force ou pouvoir magiques[1] qui le missent à l’abri de toute vengeance. À ce moment arriva Peredur à la cour, sur son cheval gris pommelé, osseux, à l’équipement négligé et bien piètre pour une cour aussi noble. Kei était debout au milieu de la salle. « Hé ! l’homme long, là-bas, » dit Peredur, « où est Arthur ? » « Que veux-tu d’Arthur ? » dit Kei. « Ma mère m’a recommandé de venir vers lui pour me faire’sacrer chevalier. › « Par ma foi, tu es par trop mal monté en cheval et en armes. » Toute la cour porta les yeux de son côte et se mit

  1. C’était une idée si bien répandue au moyen âge que, suivant la remarque de lady Guest, les chevaliers, avant de se battre, devaient jurer qu’ils ne portaient sur eux aucun charme et qu’ils n’étaient protégés par aucune magie ou enchantement.