Page:Loth - Mabinogion, tome 2.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
56
LES MABINOGION

à lui lancer des baguettes[1]. À ce moment entra un nain qui était venu avec une naine, il y avait déjà un an, pour demander refuge à Arthur, et il l’avait obtenu. De toute l’année, aucun d’eux n’avait dit un mot à personne. « Ha ! ha ! » s’écria le nain en apercevant Peredur, « Dieu te bénisse, Peredur » beau fils d’Evrawc, chef des guerriers, fleur des chevaliers ! » « En vérité, » dit Kei, « il faut être bien mal avisé pour rester une année muet à la cour d’Arthur, ayant la liberté de choisir avec qui s’entretenir, et aller appeler et déclarer, en face d’Arthur et de sa cour, un homme de cette espèce chef des guerriers et fleur des chevaliers ! » Et il lui donna un tel soufflet qu’il le jeta à terre évanoui.[2] « Ha ! ha ! » s’écria aussitôt la naine, Dieu te bénisse, Peredur, beau fils d’Evrawc, fleur des guerriers et lumière des chevaliers ! » En vérité, » dit Kei, « femme, c’est être bien mal avisée que de rester une année sans parler à la cour d’Arthur et d’appeler ainsi un pareil homme. » Et Kei lui donna un tel coup de pied qu’elle tomba à terre évanouie. « L’homme long, » lui dit Peredur, indique-moi où est Arthur. » « Donne-nous

  1. Pen. 115 (L. Rh. 288) ajoute que les gens de la cour se mirent à se moquer de lui et qu’ils furent bien aises de trouver une excuse pour se taire au sujet du chevalier. Pen. 7 (L. Rh. p. 606) dit que Kei invita la cour à se moquer de lui, etc., si bien que l’autre affaire (jeu) fut oubliée. Pen. 4 (L. Rh. 122) prête le même sentiment aux gens de la cour.
  2. Pen. 4 (L. Rh. 123), Pen. 14. (L. Rh. 288), Pen. 7 (L. Rh. col. 607) font entrer la naine à ce moment.