Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1864.djvu/72

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n’en continue pas moins son œuvre de destruction. On a fait sourire l’âme, mais sans tarir les larmes du corps.

Là s’arrête aussi l’action du magnétisme, parce que là s’arrête l’influence possible du moral sur le physique. Je crois que rien au monde ne pourra étendre au delà cette influence ; et, cependant, j’appartiens à cette école de médecins qui accordent à l’âme une large part dans l’étiologie des maladies. Je suis convaincu que le chagrin autant que l’hérédité et la misère peut engendrer des vices organiques ; après avoir usé l’esprit, il use le corps dont il trouble d’abord les fonctions et dans lequel il finit par creuser des sillons à jamais ineffaçables ; et dès lors, la maladie, malgré son origine morale, devient inaccessible aux moyens moraux. Elle l’est malheureusement, la plupart du temps, aussi aux agents pharmaceutiques, quand bien même ils ont été désignés par la bouche et la clairvoyance d’un somnambule.

J’ai nié l’aptitude médicale, la prévision, la transposition des sens ; mais dépouillée ainsi du charlatanisme qui l’entachait, l’action magnétique n’en a pas moins une existence incontestable, puisqu’elle arrive à provoquer une névrose qui tient à la fois de l’hystérie, de l’extase et de la catalepsie, où l’exaltation des sens alterne avec l’anésthésie la plus complète, dans laquelle l’intelligence, quand elle ne prend pas des allures dé-