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Les neuf sœurs se donnaient la main quand elles se réunissaient sur l’hélicon. Au temps du bon Roi Stanislas, et lorsqu’écrivaient Voltaire, Saint-Lambert, Palissot, Mme de Graffigny, l’esprit des lettres dominait en France. Les belles lettres, que bon nombre de gentilshommes cultivaient autrefois, semblent se relever d’un assez long discrédit, il se fait comme une seconde renaissance. La muse de la poésie se retirait à l’écart avec timidité : aujourd’hui elle reparaîtra en souriant pour terminer comme autrefois notre fête Académique, celle de Stanislas lui-même, par l’un de ces morceaux de la bonne école, que le public aime et applaudit.

La double puissance des sciences et des lettres, dont nos récipiendaires vous ont offert en petit comité un exemple dans deux talents divers, est singulièrement rehaussée quand elle est accompagnée de la noblesse d’un beau caractère et par l’idéal de la solidité morale. Nous nous éleverions bien haut en envisageant quel devrait être le terme de la science humaine : mais ce serait alors le portrait d’un sage que j’aurais à reproduire, de l’homme probe qui, inébranlable dans le bien et dans l’épreuve, comme une statue de bronze, ne se croit grand que quand il a été modestement utile. Pour achever de peindre quelques traits de ceux que vous avez perdus, ajoutons que les savants, en devenant plus expérimentés, ne se dessèchent et ne s’endurcissent point par leurs connaissances mêmes. Devant les