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EXTRAITS DE MARC-AURÈLE.

X

Combien de temps il gagne, celui qui ne prend pas garde à ce que le prochain a dit, a fait, a pensé, mais seulement à ce qu’il fait lui-même, afin de rendre ses actions justes et saintes !

XI

Tout ce qui t’accommode, ô monde, m’accommode moi-même. Rien n’est pour moi prématuré ni tardif, qui est de saison pour toi. Tout ce que m’apportent les heures est pour moi un fruit savoureux, ô nature ! Tout vient de toi ; tout est dans toi ; tout rentre dans toi. Un personnage de théâtre dit : Bien-aimée cité de Cécrops ! Mais toi, ne peux-tu pas dire : Ô bien-aimée cité de Jupiter !

XII

Celui-là, bien que sans tunique[1], est pourtant philosophe ; celui-ci, sans livre ; cet autre, demi-nu. Je manque de pain, dit-il, et pourtant je maintiens mon système.

XIII

Tout passe en un jour, et le panégyrique et l’objet célébré.

XIV

Tout ce qui arrive est aussi habituel, aussi ordinaire que la rose dans le printemps, que les fruits pendant la moisson : ainsi la maladie, la mort, la calomnie, les conjurations, enfin tout ce qui réjouit ou afflige les sots[2].

  1. Les Cyniques ne portaient pas la tunique.
  2. Mais quelle consolation y a-t-il à savoir que ce sont là des « choses ordinaires » ? la question est de savoir si ce sont des choses justes et bonnes.