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Page:Manuel d’Épictète, trad. Guyau, 1875.djvu/79

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Manuel d’Épictète




I

distinction entre ce qui dépend de nous
et ce qui n’en dépend pas[1].


I. Parmi les choses, les unes dépendent de nous, les autres n’en dépendent pas. Celles qui dépendent de nous, c’est l’opinion, le vouloir, le désir, l’aversion : en un mot tout ce qui est notre œuvre. Celles qui ne dépendent pas de nous, c’est le corps, les biens, la réputation, les dignités : en un mot tout ce qui n’est pas notre œuvre[2].

II. Et les choses qui dépendent de nous sont par nature libres ; nul ne peut les empêcher, rien ne peut les entraver ; mais celles qui ne dépendent pas de nous sont impuissantes, esclaves, sujettes à empêchement, étrangères à nous[3].

III. Souviens-toi donc que, si tu crois libres ces

  1. Les titres sont ajoutés par nous au texte.
  2. Cette distinction entre ce qui dépend de l’homme et ce qui dépend du dehors est l’idée première à laquelle se rattache tout le système moral des stoïciens, dont Cicéron a pu dire : Respondent prima extremis, media utrisque, omnibus omnia.
  3. Ainsi l’idée de liberté, rejetée au second rang par les anciens philosophes grecs, reprend ici la première place. Les platoniciens et les péripatéticiens cherchaient avant tout le bien impersonnel, τὸ ἀγαθόν ; les stoïciens cherchent leur liberté personnelle, ἡ ἐλευθερία, et y trouvent le seul bien véritable.