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Page:Matter - Saint-Martin, le Philosophe inconnu, 1862.djvu/27

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cérémonies, quels moyens externes, le mystagogue étranger, dont le langage était fort défectueux, s'attacha-t-il des jeunes gens de si bonne naissance, un philosophe surtout d’une piété aussi tendre, d’un catholicisme aussi ferme en apparence et d’un âge déjà mûr ? Car dès cette époque Saint-Martin, que j’entends ici, était philosophe et il avait le droit d’être écolier difficile à satisfaire. Il avait suivi tant d’autres maîtres au collège et à l’école de droite siégé six mois dans un tribunal comme avocat du roi, lu tous les philosophes à la mode, et fait une étude spéciale du savant Burlamaqui.

La doctrine de Martinez de Pasqualis et ses pratiques étaient donc bien séduisantes.

Faute de documents, on a été réduit jusqu’ici à des inductions ou à des conjectures. Les unes et les autres, on les a établies très-facilement, et une fois proclamées, elles ont passé pour des faits. On a dit que les opinions du maître devaient se trouver dans les écrits du disciple, surtout dans ceux que Saint-Martin a publiés les premiers et avant d’avoir fait avec Jacques Bœhme cette connaissance qui marqua une époque dans sa vie. En un mot, on croyait être certain que l’ouvrage des Erreurs et de la Vérité était écrit dans les principes et dans les idées de Martinez de Pasqualis.

Cette voie, d’ailleurs la seule possible avant la connaissance des manuscrits laissés par dom Martinez, était toutefois peu sûre. Chacun le sent, car chacun sait quelles idées on se ferait de la doctrine de Socrate en suivant les écrits de Platon, ou de la doctrine de Platon en suivant les écrits d’Aristote, ou d’Aristote en ne consul-