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Page:Matter - Saint-Martin, le Philosophe inconnu, 1862.djvu/29

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On a pu se contenter de ces généralités tant qu’on a ignoré l’existence ou dédaigné l’étude d’un exposé de l’enseignement de Martinez tracé par lui-même ; mais en consultant ce document que j’ai entre les mains, le traité si rare de la Réintégration, je n’ai aucune raison de croire que dom Martinez doive être rattaché aux anciennes écoles des gnostiques ou des kabbalistes. De ces anciens docteurs, il n’en cite aucun, et il ne connaît réellement ni leurs textes ni leurs systèmes, pas plus que ceux des philosophes de la Grèce ou ceux des docteurs de l’Église. Il ne cite pas même les penseurs juifs ou chrétiens du moyen âge et des temps modernes. Sa doctrine n’est sans doute qu’un singulier éclectisme, mais elle ne ressemble à rien de ce qui est connu dans l’histoire de la philosophie. Elle prend les textes sacrés pour guide, mais elle en fait sortir ou y rattache, de son fonds, des enseignements que les auteurs de ces textes rejetteraient bien loin.

Le traité manuscrit de Martinez dont je parle et que j’ai eu la bonne fortune de rencontrer très-inopinément, se distingue déjà par la hardiesse de sa conception. Il porte ce titre : Traité sur la Réintégration des êtres dans leurs premières propriétés, vertus et puissances spirituelles et divines, et se compose de plusieurs parties, formant environ 355 pages in-4o, d’une écriture assez serrée. On le dirait écrit d’un seul trait, tant la marche et la nature des idées s’y enchaînent.

Il a pour objet, non pas l’état actuel des choses, mais le rétablissement de leur état primordial, celui de l’homme et celui des êtres en général. Et, loin d’offrir une discussion ou une hésitation quelconque, il expose