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du cinquième volume

« Or ça, » dit elle, « douce amie,
Celle grosse bource farcie ?
— Dame, comment vous bailleray, »
Dit Ysanne, « ce que je n’ay ?
Par le baron saint Nicolas,
Dame, la bource n’é je pas.
Si l’ai je assez cerchiée et quise.
— Tu mens, a po que ne te brise
Orendroit tretoutes les dens ;
Tant par ores [es] de maupens,
Tu la copas, jel se de voir.
La cuides tu por toi avoir,
Par la sainte digne char Dé ?
Mar te vint onques en pensé ! »
Lors l’a Mabille si combrée
Que contre terre l’a getée ;
Si l’a tant frapée et batue
Par .I. petit qu’el(le) ne la tue ;
Et son houlier i est venus
Qui mout en par fu iracus.
Quant il voit sa meschine batre,
Entr’eulz .II. se vont entrebatre,
Et l(i) ’autres houlier[s] i survient,
Qui à mout grant merveille vient.
Quant il voit Mabile en tel point,
Lors [et] fiert et frape et empoint
Et se prent au houlier Ysanne :
Sa robe qui est de couleur fauve
Li despiece toute et chapigne ;
N’i remest coiffe de Compigne
A descirer ne chaperon.
Tant s’entrebatent li glouton,
Et tant ont hurté et bouté
Que tuit se sont ensanglanté ;
Il se derompent les poitrines,
Et ausi furent les meschines ;
Il s’entrerompirent les piaus.
Sachiez s’il i eüst coustiaus
(Ja) se fussent entredomraagiez ;
Mès il les orent engagiez
Pour le vin qu’orent au disner.
Chier leur couvandra acheter,
Ce vous dis je bien, cest escot,