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AVERTISSEMENT DE L'AUTEUR.


l'honneur est dans la république, quoique la vertu politique en soit le ressort ; la vertu politique est dans la monarchie, quoique l’honneur en soit le ressort.

Enfin, l'hommne de bien dont il est question dans le livre III, chapitre V, n’est pas l'homme de bien chrétien, mais l’homme de bien politique, qui a la vertu politique dont j’ai parlé. C’est l’homme qui aime les lois de son pays, et qui agit par l’amour des lois de son pays. J’ai donné un nouveau jour à toutes ces choses dans cette édition-ci, en fixant encore plus les idées ; et, dans la plupart des endroits où je me suis servi du mot de vertu, j’ai mis vertu politique [1].

  1. On a toujours argumenté contre Montesquieu comme s’il eût dit qu’il n’y avait que de la vertu dans les républiques et que de l’honneur dans les monarchies, ou qu’il n’y avait d’honneur que dans celle-ci et de vertu que dans celle-là ; mais il n’a dit ni l’un ni l’autre, et il est même fort étrange qu’on l’ait supposé, car c’était aussi le supposer capable d’une très-grande absurdité ; mais la malveillance n’y regarde pas de si près. (LA HARPE.)

    Montesquieu s’est fait une langue scientifique. Les mots vertu, honneur, monarchie, etc., ont chez lui un sens particulier très nettement défini. Pour comprendre Montesquieu, et surtout pour le critiquer, il faut avant tout en étudier le dictionnaire.

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