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LIVRE VIII, CHAP. IX.


d’une mère pour ses enfants [1]. Or, l’amour de la patrie corrige tout.

Les lois de Pologne ont aussi leur insurrection. Mais les inconvénients qui en résultent font bien voir que le seul peuple de Crète étoit en état d’employer avec succès un pareil remède.

Les exercices de la gymnastique établis chez les Grecs ne dépendirent pas moins de la bonté du principe du gouvernement. « Ce furent les Lacédémoniens et les Crétois, dit Platon [2], qui ouvrirent ces académies fameuses, qui leur firent tenir dans le monde un rang si distingué. La pudeur s’alarma d’abord ; mais elle céda à l’utilité publique. » Du temps de Platon, ces institutions étoient admirables [3] ; elles se rapportoient à un grand objet, qui étoit l’art militaire. Mais, lorsque les Grecs n’eurent plus de vertu, elles détruisirent l’art militaire même ; on ne descendit plus sur l’arène pour se former, mais pour se corrompre [4].

Plutarque nous dit [5] que, de son temps, les Romains pensoient que ces jeux avoient été la principale cause de

  1. Plutarque, Œuvres morales, au traité : Si l’homme d’âge doit se mêler des affaires publiques. (M.)
  2. République, lib. V. (M.)
  3. La gymnastique se divisoit en deux parties : la danse et la lutte. On voyoit en Crète les danses armées des Curetés ; à Lacédémone, celles de Castor et de Pollux ; à Athènes, les danses armées de Pallas, très-propres pour ceux qui ne sont pas encore en âge d'aller à la guerre. La lutte est l'image de la guerre, dit Platon, des Lois, liv. VII. Il loue l'antiquité de n'avoir établi que deux danses : la pacifique et la pyrrhique. Voyez comment cette dernière danse s'appliquoit à l'art militaire. Platon, ibid. (M.)
  4. . . . . . . . . Aut libidinosœ

    Ledœas Lacedemonis palestras.

    (MARTIAL, lib. IV, epig. 55. (M.)

  5. Œuvres morales, au traité : Des demandes des choses romaines. Question XL. (M.)