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39^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

muscles des cuisses très développés, il est très brun, mal rasé, porte un gros pince-nez. De plus il est toujours seul et silencieux sauf lorsqu'il tient un interlocuteur complaisant qu'il assomme de ses plaintes, de ses espoirs et de ses propos imagés. Cet ensemble fait rire de lui. Les gamins n'hésitent pas à crier « Au fou ! » quand il passe, ou à lui jeter au nez le nom d'une certaine Marie Maillon avec laquelle plusieurs personnes l'ont surpris un soir dans une posture scandaleuse.

Ces motifs sont assez forts pour pousser au travail des concours le malheureux Lucien Perette.

deuxième lettre de lucien (quinze ans après)

« Chère Marquise,

« Que je baise d'abord les jolis ongles roses qui bordent les lys de vos doigts ! merci ! merci ! merci ! je le répète à vos pieds ! Le ministre est un très brave homme et nous nous sommes très bien compris. Je crois que désormais j'ai en lui plus qu'un collaborateur (les grands travailleurs s'entendent toujours), un véritable ami : l'espèce en est rare, c'est Lafontaine qui l'a dit, si j'ai bonne mémoire. Momes- heim des Constructions métalliques du Creuzot m'est tout acquis et l'affaire de ma petite mécanique à déblai devient une cote de Bourse comme les autres cotes de Bourse. Certaine- ment je viendrai lundi. Comment voulez-vous que je me refuse au délicat plaisir de vous contempler dans l'exercice de vos devoirs de maîtresse de maison. Mais non ! pour- quoi vous moquer du marquis ! il est charmant ! Je vous assure que je le trouve charmant. Oui aussi pour le Lau- trec ! dites au marquis que puisque cette bagatelle lui plaît tant, je me ferai un plaisir de la lui offrir.

« Je demeure à vos pieds, belle marquise.

Votre fidèle et un peu jaloux,

« LUCIEN perette »

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