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LETTRES AVEC COMMENTAIRES 397

III

A PROPOS DE BACCALAURÉAT

« Mon cher Fils,

« Tu me dis par ta lettre du 1 5 courant que tu es surpris de ma conduite vis à vis de toi et que j'aie fait intervenir l'avoué de ta mère. Et en effet, mon cher fils, ayant eu des déceptions de ta part à cause de l'affection que j'ai pour toi et de la considération que j'avais pour ton caractère, je ne veux plus au moins provisoirement avoir affaire à toi. D'abord j'ai été étonné et contrarié que tu aies échoué à ton baccalauréat, mais voilà la troisième fois que tu échoues. D'abord c'était une malchance, la deuxième fois c'était à cause des courses de Deauville, cette fois c'est la haine d'un examinateur qui connaît la petite Juliette. J'en ai assez d'envoyer de l'argent à ta mère sous le prétexte de tes études. Sa susceptibilité plus ou moins justifiée par mes histoires de femmes m'a coûté assez cher. En tous cas que tout soit donc liquidé pour ce qui est de toi et de tes étu- des. Fais ce que tu voudras mais vous n'aurez plus un sou pour les études. J'ai prévenu les personnes qui nous ont vus ensemble que je ne paierai pas tes dettes ; ne pense donc pas à vivre de dettes comme Lucien Coudray. Tu aimes la grande vie, c'est bien, je t'en félicite. Eh bien, s'il te faut la grande vie, fais ta fortune comme moi. Quand je t'em- menais avec mes amis en auto, je croyais que tu faisais le nécessaire pour tes études en dehors de la fête ; j'avais de l'estime pour toi parce que je croyais que tu me ressemblais. Mais non ! Tu n'es qu'un « fils de patron » et je n'aime pas les « fils à papa ». Il est possible que ce soit ta mère qui t'ait complètement gâté avec les jésuitières à la mode de son temps. Mais ne disons pas de mal de ta mère : c'est un prin-

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