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472 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

une prise directe sur l'inconscient, ont au contraire pour expres- sions naturelles les formes de l'art et du mythe. « L'éton - nant, dit M. Kohler, c'est que la psychologie ait tant tardé à isoler, à reconnaître, à nommer des états des nerfs et du cœur qui furent de tous les temps. » Cela cesse d'être étonnant dès qu'on voit fonctionner, dans le monde social et même dans le monde du langage, l'équivalent et l'adjuvant externes de ce qu e Freud appelle, dans le monde interne, le refoulement, et il est bien difficile à la psychologie elle-même, réalité sociale tou- jours par quelque côté, d'échapper à cette loi du refoulement : sinon c'est elle-même qui est refoulée, et on pourrait peut-être trouver une des causes du peu de succès de la psychanalyse en France en ceci que d'une part nous en connaissions déjà une bonne partie, que d'autre part, les puissances sociales de notre vieille culture la refoulent automatiquement.

Les quelques pages discrètes de M. Kohler nous indiquent cependant une voie où les travaux de la psychanalyse peuvent rendre à la critique des services réels. Malgré bien des lourdeurs et une hantise probablement exagérée de l'inceste (les recher- ches psychologiques ne sauraient guère aller ici sans les recherches sociologiques qui les complètent, et l'étude de la prohibition de l'inceste par l'école de Durkheim prépare heu- reusement la voie aux travaux psychanalytiques) la psychana- lyse a ce mérite de substituer à des spéculations toujours un peu extérieures et vaines sur l'hérédité, un examen plus serré et plus profond des conditions familiales où s'est formée et déve- loppée dans sa première enfance l'âme d'un écrivain ; le com- plexe paternel, le complexe maternel sont bien des réalités importantes que personne avant l'école de Freud n'avait encore mises à leur vraie place, et qu'elle nous apprend à voir dans leur source authentique, non dans des images déformées par la mémoire et par la convention sociale.

��Le livre étrange de M. Vodoz sur Roland nous paraîtra plus fantaisiste, et il risque souvent, surtout dans sa dernière partie, d'être considéré par un lecteur français comme une mauvaise plaisanterie. Je crois cependant que si on sait en abattre les

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