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734 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

des poèmes en langue d'oc où la poésie ancestrale chatoie sous le réseau des rythmes gais et des harmonies enjouées. A l'âme lidèle aux clochers d'enfance, l'esprit vivant et souple apportait ses richesses renouvelées, soit que d'une Elégie il saluât Gau- guin mourant, soit qu'il élût d'un goût sûr les poèmes que chantait sa musique ou qu'il allât choisir dans les vieilles chan- sons françaises et dans les chansons du xviiic siècle les perles les plus rares pour les enchâsser de simple franchise.

Sous la poussée des forces séculaires au fond des silencieuses provinces, un musicien qui sut n'être que musicien, discret et solitaire avec de farouches délices, unique pour chanter les amours africaines de Didon et Ence, si l'ironie du sort, qui jamais ne lui fut tendre, n'avait voulu que le manuscrit de cette suite symphonique ne se perdît, un soir, dans l'omnibus des Batignulles. axdré cœuroy

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RE\'UE DE LITTÉRATURE COMPARÉE, publiée par F. Baldensperger et P. Ha:(ard (Edouard Champion).

Cette revue nous manquait avant la guerre. Qu'elle apparaisse à présent, c'est une preuve que la pensée française ne peut se replier sur elle-même en se fermant aux idées étrangères. Après tant de thèses ou de libres essais, les informations ne manquaient sur aucune des littératures romanes, nordiques ou même sla- ves ; mais il est bon qu'on nous montre ces littératures natio- nales dans leurs rapports mutuels, comme au lit d'un même fleuve où leurs courants restent distincts.

D'une littérature à l'autre, toutes comparaisons sont possibles ; mais beaucoup sont arbitraires, matière à dilettantisme ou bien à vaine érudition. L'entreprise ne peut valoir que par le sens critique de ceux qui la surveillent. Les noms des deux directeurs nous sont une garantie ; et le premier numéro traite de sujets larges mais précis : L'Invasion des littératures du Nord dans l'Italie du XVI 11*= siècle — voilà qui permet de voir l'esprit d'une nation se révéler par son accueil à l'étranger, par ses résistances et par ses méprises. Diderot et Schiller, — même leçon, et mon- trant de plus comment l'homme de génie reçoit et transforme les idées d'autrui. Dans l'article inaugural, M. Baldensperger définit avec soin, pour le tirer du vague, l'objet de son étudf.

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