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TANTE GERTRUDE

oncle bougon qui ne veut même pas me donner une robe, qui me reproche ma gourmandise lorsque j’achète un gâteau de deux sous, et me gronde pendant une heure quand je donne cinquante centimes aux pauvres !

Certes, elle était frivole, la jolie Paulette, mais pouvait-il en être autrement avec une mère aussi mondaine que la sienne, dont la vie se passait en visites, en bals, et qui n’avait qu’une pensée : briller, toujours briller.

Lorsqu’elle était enfant et que Mme de Neufmoulins, avant de partir pour un bal, venait comme une apparition dans la chambre de la petite pour l’embrasser à la hâte, Paulette, qui contemplait en une sorte de ravissement la belle créature en toilette éblouissante, les épaules nues couvertes de pierreries, Paulette rêvait déjà fêtes et parures, et elle s’endormait en faisant cette naïve prière : « Mon Dieu, faites-moi grandir bien vite pour que je puisse aller au bal ! Faites surtout que je sois aussi belle que maman ! »

La prière semblait avoir été pleinement exaucée : la fille avait hérité de la beauté et aussi de la frivolité de sa mère.