Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 1.djvu/137

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Éthiopiens les poursuivent, leur donnent la chasse, estimant qu’il y aurait de la lâcheté à ne pas s’emparer de toute l’Égypte et ils s’étendent dans le pays ; puis, ayant pris goût à ses richesses, ils ne voulurent plus y renoncer et, comme à leurs premières incursions sur les territoires limitrophes on n’osa pas leur opposer de résistance, ils s’avancèrent jusqu’à Memphis et jusqu’à la mer ; aucune des villes ne put tenir contre eux. Accablés par ces revers, les Égyptiens ont recours aux prédictions des oracles : le dieu leur ayant conseillé de prendre pour allié l’Hébreu, le roi prie sa fille de lui donner Moïse pour en faire le chef de l’armée. Celle-ci, après que son père eut juré qu’on ne lui ferait aucun mal, le lui confie ; elle tenait que ce serait un grand bienfait pour eux qu’une telle alliance et voulait humilier les prêtres, qui, après avoir parlé de le mettre à mort, ne rougissaient pas maintenant d’implorer son secours.

2. Moïse, à l’invitation de Thermouthis et du roi, accueille cette mission avec plaisir ; ce fut une joie également pour les hiérogrammates des deux peuples : pour ceux des Égyptiens, parce que, une fois que sa valeur les aurait fait triompher de leurs ennemis, ils pourraient se débarrasser aussi de Moïse par la même ruse, et pour ceux des Hébreux, car il leur serait loisible de fuir les Égyptiens, ayant Moïse pour chef. Celui-ci prévient l’ennemi et, avant que celui-ci soit informé de son approche, il prend son armée et la dirige, non par la voie du fleuve, mais à travers les terres. Là, il donna une merveilleuse preuve de sa perspicacité : la route était pénible à suivre à cause des nombreux serpents dont cette région produit une quantité ; il en est qu’on ne trouve pas ailleurs, qu’elle est seule à nourrir et qui se distinguent par leur force, leur malignité et leur aspect étrange ; quelques-uns même sont volatiles, de sorte qu’ils se cachent à terre pour attaquer et peuvent nuire aussi avant qu’on les ait aperçus, en s’élevant en l’air. Moïse imagine donc, pour assurer à son armée une route exempte de dangers, un merveilleux stratagème : il prépare des espèces de cages avec de l’écorce de papyrus et les emporte remplies d’ibis — c’est un animal très ennemi des serpents, qui s’enfuient quand il fond sur eux, et, s’ils résistent, ils sont saisis