Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 1.djvu/138

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et engloutis comme par des cerfs[1]. Les ibis sont, d’ailleurs, apprivoisés et n’ont de férocité que pour la race des serpents. Mais c’est assez parler d’eux, car les Grecs connaissent bien les caractères de l’ibis. Donc, quand il pénétra dans ce pays infesté de bêtes, il se servit des ibis pour se défendre contre les serpents, en les lâchant sur eux et en profitant de ces auxiliaires[2]. C’est de cette façon qu’il poursuit sa route ; il arrive sur les Éthiopiens, qui ne s’y attendaient pas, en vient aux mains avec eux, les défait dans une bataille, anéantit les espérances qu’ils nourrissaient à l’égard des Égyptiens et pénètre dans leurs villes, qu’il saccage ; il se fit un grand carnage d’Ethiopiens. Ayant pris goût aux succès que Moïse leur fait remporter, l’armée des Égyptiens se montre infatigable, de sorte que les Éthiopiens étaient menacés de la servitude et d’une ruine complète. À la fin, les ayant poursuivis jusqu’à la ville de Saba, capitale du royaume d’Éthiopie, que Cambyse plus tard appela Méroé d’après le nom de sa sœur, ils en font le siège. Mais c’était une place extrêmement difficile à enlever : le Nil l’entourait d’un cercle, et d’autres fleuves, l’Astapos et l’Astaboras, rendaient l’attaque malaisée à ceux qui tentaient d’en franchir le cours. La ville, se trouvant à l’intérieur, est comme une île ; de fortes murailles l’enserrent et, contre les ennemis, elle a pour abri ses fleuves, ainsi que de grandes digues entre les remparts, de sorte qu’elle ne peut être inondée si la crue vient à être trop violente ; et c’est ce qui rendait la ville imprenable même à ceux qui avaient passé les fleuves. Tandis que Moïse considérait avec ennui l’inaction de l’armée, car les ennemis n’osaient en venir aux mains, il lui arriva l’aventure suivante. Tharbis, la fille du roi des Éthiopiens, en voyant Moïse amener l’armée près des remparts et lutter vaillamment, admira

  1. ὑπ’ἐλάφων. Naber propose ὑπὸ νεφῶν (par des nuées).
  2. La Chronique de Moïse raconte une histoire analogue, avec cette différence que c’est aux Éthiopiens que Moise rend service. Il leur donne le moyen de rentrer, au retour d’une guerre, dans leur ville, que le devin Balaam avait investie de hautes murailles et dont il avait infesté les abords de serpents et de scorpions : Moïse conseille aux Éthiopiens de dresser des petits de cigognes à la chasse ; puis de monter à cheval et de lâcher les oiseaux contre les serpents. Ce qu’ils firent avec plein succès.