Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 1.djvu/18

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aujourd’hui bien des gens comme le roi Ptolémée aiment à s’instruire : celui-ci, en effet, n’eut pas le temps de recueillir toutes nos annales ; seule, la partie juridique lui fut transmise par les gens qu’on envoya à Alexandrie en faire la traduction. Or, innombrables sont les renseignements que nous donnent les saintes Écritures ; car elles embrassent l’histoire de cinq mille années[1], et racontent toutes sortes de péripéties imprévues, beaucoup de fortunes de guerre, de hauts faits de capitaines, et de révolutions politiques. Dans l’ensemble, on apprend surtout par cette histoire, si l’on prend la peine de la parcourir, que les hommes qui se conforment à la volonté de Dieu et redoutent d’enfreindre une législation excellente prospèrent au-delà de toute espérance et que, pour récompense, Dieu leur accorde le bonheur ; mais que, dès qu’ils s’écartent de la stricte observance de ces lois, la route qu’ils suivent devient impraticable et leurs efforts en vue de ce qu’ils pensent être le bien se tournent en d’irrémédiables malheurs. J’engage donc maintenant ceux qui liront ces livres à élever leurs pensées jusqu’à Dieu et à examiner si notre législateur a eu une conception satisfaisante de sa nature, s’il lui a toujours assigné un rôle conforme à sa toute puissance, ou gardant pour parler de lui un langage pur de ces fables inconvenantes qu’on trouve ailleurs ; encore que, traitant d’une durée si longue et si lointaine, il eût eu pleine licence de forger des fictions. Il vécut, en effet, il y a deux mille ans, en des temps si reculés que les poètes n’ont pas même osé y rapporter la naissance des dieux, encore moins les actions des hommes et leurs lois.

Ce sont donc ces données exactes des Écritures que j’exposerai au cours de mon récit, chacune à sa place, ainsi que j’ai promis de le faire dans le présent ouvrage, sans rien rajouter ni rien omettre.

4. Mais, comme presque tout ce qui nous concerne dépend des sages institutions du législateur Moïse (Môysès), il me faut d’abord parler de lui brièvement, de peur que mes lecteurs ne se demandent pourquoi, dans cet ouvrage qui doit traiter de lois et de faits his-

  1. Sur la chronologie de Josèphe, voir plus loin, § 82, note.