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Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 1.djvu/99

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en obéissant au plan qu’il allait maintenant leur donner ; sans doute, ce plan acceptait l’acte qu’ils avaient décidé d’accomplir ; mais la façon serait autre et, mal pour mal, le crime plus léger. Il entendait qu’ils ne missent pas à mort leur frère de leurs propres mains, mais qu’ils le précipitassent dans la citerne prochaine, où ils le laisseraient périr ; ils y gagneraient de ne pas souiller leurs mains de son sang. Les jeunes gens y consentirent et Roubel, ayant saisi l’adolescent, le lie au moyen d’une corde et le fait descendre doucement dans la citerne qui se trouvait suffisamment sèche. Cela fait, il s’en va en quête de terrains propres aux pâturages.

3[1]. Joudas[2], qui était également fils de Jacob, vit alors passer des Arabes de la race des Ismaélites, qui portaient, des parfums et des marchandises syriennes de la Galadène aux Égyptiens ; après le départ de Roubel, il conseille à ses frères de faire remonter Joseph pour le vendre aux Arabes ; envoyé ainsi le plus loin possible, il mourrait chez des étrangers et eux-mêmes seraient purifiés de toute souillure. L’avis leur plaît et ils vendent aux marchands pour vingt mines Joseph, qu’ils retirent de la citerne : il avait alors dix-sept ans. Roubel revient de nuit à la citerne, résolu de sauver Joseph à l’insu de ses frères ; et comme celui-ci ne répondait pas à ses appels, craignant qu’ils ne l’eussent tué après son départ, il accable ses frères de reproches. Mais ils lui disent ce qui s’est passé, et Roubel cesse de se lamenter.

4. Après que Joseph eut ainsi été traité par ses frères, ils cherchèrent comment ils pourraient se mettre à l’abri des soupçons paternels ; ils songèrent à la tunique dont Joseph était revêtu quand il vint près d’eux et dont ils l’avaient dépouillé pour le faire descendre dans la citerne ; ils résolurent de la mettre en pièces, de la tacher de sang de bouc et d’aller la porter à leur père en lui donnant à croire que les bêtes avaient déchiré son fils. Ils firent ainsi et s’en

  1. Gen., XXXVII, 25.
  2. Dans la Bible (Gen., XXXV, 25), c’est tous les frères, et non Juda seul, qui voient passer les Ismaélites. Plus loin Josèphe ne parle pas non plus des Madianites dont il est question dans le chapitre de la Genèse.