Page:Ovide - Œuvres complètes, trad Nisard, 1838.djvu/667

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Je me demandais à qui les nones étaient dédiées, à Sancus, ou à Fidius? ou à toi, père Semo? Sancus me parla ainsi: [6, 215] "Quel que soit celui des trois que tu choisisses, c'est à moi qu'en reviendra toujours l'honneur; je porte ces trois noms: ainsi l'ont voulu les habitants de Cures." C'est donc à ce dieu que les Sabins ont dédié un temple construit sur le sommet du Quirinal.

J'ai une fille, et puisse sa vie se prolonger au-delà du terme de la mienne! [6, 220] Je serai heureux tant que les dieux me la conserveront. Quand je voulus la confier à un gendre, je m'informai des temps où il convient d'allumer les flambeaux d'hymen, et de ceux où il faut s'en abstenir. Selon ce que j'appris alors, Juin, après les ides sacrées, est propice à l'épouse, propice à l'époux; [6, 225] mais la première partie du mois est funeste à la couche nuptiale; et telles furent les paroles mêmes de l'épouse sacrée du flamine Diale: "Jusqu'à ce que le Tibre paisible ait emporté à la mer, dans ses flots jaunissants, les souillures rejetées du sanctuaire de la troyenne Vesta, il ne m'est pas permis de passer le buis dans ma chevelure, dont les boucles ont été retranchées, [6, 230] ni de tailler mes ongles avec le fer, ni de m'approcher de mon époux, quoiqu'il soit prêtre de Jupiter, et que des liens indissolubles m'attachent à lui. Ainsi, garde-toi de te hâter; ta fille se mariera sous de plus heureux auspices, lorsque la flamme renouvelée de Vesta brillera au sein de son temple purifié."

[6, 235] On dit qu'à son troisième lever après les nones, Phébé chasse le petit-fils de Lycaon: l'Ourse, en regardant derrière elle, ne voit plus le trait qui la menaçait. Alors il me souvient d'avoir assisté à des jeux célébrés sur les gazons du champ de Mars; j'ai appris que c'était en ton honneur, Tibre aux vagues ondoyantes. C'est un jour de fête pour ceux qui traînent les filets humides [6, 240] et recouvrent d'une amorce légère le fer recourbé du hameçon.

La Raison a son culte aussi, et c'est la terreur inspirée par tes armes, perfide Carthaginois, qui autrefois lui fit consacrer un temple. Tu avais recommencé la guerre; le consul avait péri; tous, effrayés par cette mort, tremblaient à l'approche de l'armée africaine. [6, 245] La crainte avait banni l'espérance; le sénat fit un voeu à la Raison, et aussitôt il en reçut des inspirations plus sages. Six jours séparent des ides celui où fut accomplie la promesse faite à la déesse.

Vesta, sois-moi propice; c'est toi, c'est ton culte que je vais chanter, [6, 250] si toutefois il m'est permis d'approcher de ton sanctuaire. J'achevais à peine cette pieuse prière que je m'aperçus de la présence de la divinité; la terre, autour de moi, s'embellit et s'éclaira d'une vive lumière. Je ne te vis pas, il est vrai, ô déesse; loin de moi les poétiques mensonges! il n'était pas permis à un homme de porter sur toi ses regards; [6, 255] mais ce que je ne savais pas, et ce que je savais mal, me fut révélé soudain sans que j'eusse recours à personne.

On raconte que Rome