Page:Paris ou le livre des 101, tome 14, 1831.djvu/384

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tout dort, et vous n’entendez plus que le roulement de l’Omnibus qui passe dans la grande rue. L’Omnibus est le lien le plus réel qui existe entre Chaillot et Paris ; c’est l’Omnibus, mieux que tous les décrets et toutes les ordonnances, qui a réuni le village à la ville. Avant l’Omnibus, chaque quartier de Paris était une ville ; l’Omnibus n’a fait qu’une ville de tout Paris.

Et cependant, malgré l’Omnibus, la course de Chaillot à Paris est encore un voyage pour le paisible habitant du hameau ; il y rêve huit jours à l’avance, il fait ses paquets et ses malles, et lorsque l’heure du départ a sonné, ça n’est que les larmes aux yeux qu’il presse sa femme sur son cœur. Tant qu’il aperçoit, par le store de la voiture, la fumée de la pompe à feu, le bourgeois de Chaillot est léger et jovial ; mais lorsqu’il a perdu de vue ce monument de son pays, il se trouble, il s’inquiète, il s’agite, et il ne retrouve la sérénité de son âme qu’en le revoyant au retour : de loin, la fumée du charbon de terre lui apporte les parfums de la patrie ; le bruit des pistons lui joue le ranz des vaches, et il arrive tout attendri et tout essoufflé dans sa famille.

Si l’air de Paris vous semblait trop lourd, son ciel trop chaud, ses pavés trop brûlans ; si vous ne respiriez pas à l’aise sous les arbres