Page:Paris ou le livre des 101, tome 14, 1831.djvu/385

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poudreux des boulevards ; s’il vous prenait quelque vive fantaisie de vous faire homme des champs, et d’aller à Chaillot passer le reste des beaux jours, écoutez :

Depuis un mois Chaillot est en proie au plus horrible de tous les fléaux, Chaillot est un enfer, Chaillot est inhabitable pour toute créature qui n’a pas les nerfs en fil de fer, ou qui durant six mois n’a pas entendu, deux fois par semaine, des concerts d’amateurs en province ; et si l’autorité ne cherche pas à conjurer le terrible fléau qui pèse sur le village, les habitans n’auront bientôt plus qu’à emporter leurs dieux pénates, et à chercher, loin de ces lieux maudits, des rives plus hospitalières et des cieux plus indulgens. Écoutez encore :

Chaque matin, au lever du jour, pendant que vous dormez mollement, que votre croisée entr’ouverte laisse glisser à travers votre double rideau la brise matinale, et que les songes, sortis par le cornet d’ivoire, vous caressent du bout de leurs ailes, en face de Chaillot, sur la rive gauche de la Seine, dans l’allée d’arbres qui s’étend des Invalides au Champ-de-Mars, douze hommes veillent ; chacun de leurs bras se termine par une baguette de chêne, et ils portent au flanc un instrument de cuivre en forme de cylindre, que recouvre une pe