Page:Paris ou le livre des 101, tome 14, 1831.djvu/386

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au d’âne.

Et ils sont là douze, rangés sur la même file, le jarret tendu, la baguette au poing.

Et en face de la file un homme se tient, armé d’une grande canne dont le pommeau reluit au soleil.

Et au moment où la canne perfide s’agite dans l’air, ces douze êtres pervers font rouler leurs baguettes sur la fatale peau d’âne.

Et c’est un vacarme à faire crouler le dôme des Invalides.

Oui, monsieur, ce sont douze tambours qui chantent à Chaillot le lever du soleil. C’est en face de Chaillot, lieu où le repos est une condition d’existence, c’est en face des maisons de santé, où les malades viennent chercher le calme et le bien-être, des maisons d’éducation où de jeunes enfans viennent étudier dans le silence, c’est au pied de Chaillot que l’autorité militaire, pleine d’attentions et de prévenances, a bien voulu établir une école de tambours : c’est là que douze bruyans artistes viennent, dès le matin, cultiver leur art. Durant la journée tout entière les lieux environnans retentissent du bruit de leurs études, les vitres tremblent, les plafonds résonnent ; ni la pluie ni la chaleur ne découragent ces infatigables athlètes, et le soleil, qui en se levant les a trouvés battant la diane, les trouve encore battant à son couchant,