Page:Paris ou le livre des 101, tome 14, 1831.djvu/391

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grands pas. Son ministère est une histoire à part ; ministère si heureux, qu’il a endormi la maison de Bourbon sur l’abîme. C’était le ministère d’un honnête homme éclairé, bienveillant, calme, intelligent de toutes choses ; il était la dernière barrière derrière laquelle s’était retranché Charles X. Il eût protégé Charles X long-temps encore, si Charles X eût consenti à être protégé ; mais il voulut régner avec ses propres forces, il succomba. Que devint M. de Martignac dans cette lutte de la royauté et du peuple ? M. de Martignac redevint simple avocat comme il était à Bordeaux ! Mais aussi quel avocat ? Vous l’avez vu après les trois jours, quand le peuple élevait sa grande voix autour de la Chambre des Pairs et s’écriait : Vengeance ! vous l’avez vu traverser la foule en fureur, aborder la Chambre des Pairs, et défendre de sa voix et de sa probité le même ministre qui l’avait fait tomber. Honorable courage ! admirable éloquence ! derniers efforts d’une belle âme ! C’est M. de Martignac aidé de M. de Montalivet, le jeune ministre, qui a sauvé à la révolution de juillet le sang qu’elle voulait répandre ; c’est lui qui a arraché à la mort les prisonniers du fort de Ham. Cette même révolution devant laquelle M. de Martignac s’est présenté sans peur n’ayant pour arme que sa parole, cette même révolution qui l’avait vaincu, il l’a