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LIVRE VI, § XX.

forces humaines ; et si c’est quelque chose de possible et même de naturel à l’homme, pense que toi aussi tu es en état de le faire.

XX

Quelqu’un, dans les exercices du gymnase[1], nous a égratignés avec ses ongles, ou nous a fait une contusion en nous frappant d’un coup de tête ; nous ne paraissons même pas nous en apercevoir ; surtout nous n’en sommes point offensés, et nous ne le prendrons pas plus tard pour un homme que nous devions soupçonner de nous tendre des pièges. Toutefois nous nous en méfions ; mais ce n’est pas comme d’un ennemi ; ce n’est pas une méfiance hostile ; et si nous l’évitons, c’est avec bienveillance[2]. Sachons en faire

    la philosophie et la religion puissent donner à l’homme. La valeur de ce conseil résulte de la mobilité incontestable de toutes choses, surtout des choses humaines. Il faut conserver bon espoir dans les plus grands revers, de même qu’il faut n’être pas sans quelque crainte dans les plus brillantes fortunes et sur les sommets les plus élevés. Voir livre IV, § 3.

  1. Dans les exercices du gymnase. Toute cette comparaison est d’une justesse frappante ; et, quand cette leçon est bien comprise et bien appliquée, elle peut être d’un grand secours dans la vie.
  2. C’est avec bienveillance. C’est là, en effet, le sentiment qu’il faut s’efforcer de toujours garder envers ses sem-