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Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/202

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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

autant dans tous les autres détails de la vie. Il y a bien des choses que nous pouvons garder pour nous comme si nous nous exercions encore au gymnase ; car il est toujours loisible, ainsi que je viens de le dire, d’éviter les gens[1] sans avoir contre eux ni soupçon ni haine.

XXI

Si quelqu’un veut bien me convaincre[2] et s’il m’arrête en me prouvant que ma pensée n’est pas juste, ou que mon action n’est pas bonne, je suis à la joie de mon cœur de me redresser[3] ; car je ne cherche que la vérité[4], qui n’a jamais nui à personne, tandis qu’on se fait le plus grand tort

    blables, et il suffirait à adoucir bien des griefs.

  1. Éviter les gens. Bien souvent on n’aurait rien de plus ni de mieux à faire ; mais on n’est pas toujours assez maître de soi. On se sent blessé, et l’on se plaint, au lieu de rester impassible et muet.
  2. Si quelqu’un veut bien me convaincre. Il faut beaucoup d’humilité et d’amour de la justice pour supporter ainsi la contradiction, et même pour en savoir gré.
  3. Je suis à la joie de mon cœur de me redresser. Ceci est de la vertu la plus sincère et la plus rare. Cette abnégation de son sens propre est plus remarquable chez un empereur que chez qui que ce soit.
  4. Je ne cherche que la vérité. Voilà, en effet, le grand ressort de la conscience humaine : Aimer la vérité par-dessus tout, même quand elle vous est contraire et vous condamne. Voir plus loin, liv. VIII. § 16, l’explication dont Marc-Aurèle fortifie encore ce conseil ; voir aussi plus haut, liv. IV, § 12.