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LIVRE XII, § III.

peut avoir, ni de tout ce vain attirail et de toute cette mise en scène.

III

Trois éléments[1] entrent dans la composition totale de ton être : le corps, le souffle de vie qui t’anime, et l’intelligence. De ces trois éléments, deux te regardent bien, en ce sens que c’est à toi d’en prendre soin ; mais en vérité, il n’y a que le troisième qui soit réellement tien[2]. Si tu sais écarter loin de toi, je veux dire de ta pensée, tout ce que font les autres hommes, tout ce qu’ils disent ; si même tu en écartes tout ce que personnellement tu as pu faire jadis, ou tout ce que jadis tu as pu dire, tout ce qui te trouble dans l’avenir, tout ce qui ne concerne que le corps qui t’enveloppe et le principe de vie que

    ple, pour tout ce qui est extérieur. Cependant il y a dans ce sage dédain une mesure que l’école cynique et le Stoïcisme lui-même n’ont pas toujours su garder. Cette limite est celle qu’imposent les convenances sociales et le respect humain. C’est une juste condescendance pour les opinions ou les faiblesses d’autrui. Voir plus haut, liv. VII, § 60.

  1. Trois éléments. On peut distinguer en effet ces trois éléments ; mais on peut aussi les réduire à deux, l’âme et le corps. Le souffle vital, le principe de vie fait partie du corps, qui ne serait rien sans lui.
  2. Il n’y a que le troisième qui soit réellement tien. Attendu qu’il est le seul dont nous puissions dispo-