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Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/460

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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

tu as reçu à ta naissance, sans que tu y sois pour rien, tout ce que roule à l’extérieur le tourbillon dont les flots t’environnent, de telle manière que la force intelligente, dégagée de l’empire du destin, pure et libre, vive de son propre fonds, pratiquant la justice, acceptant tout ce qui lui arrive, et ne disant jamais que la vérité ; si, dis-je, tu isoles de ton esprit ainsi disposé toutes les relations du corps, dont il subit le contact, du temps qui doit suivre, du temps qui a précédé, tu deviendras comme le dit Empédocle[1] :

« Un Sphærus arrondi, goûtant son fier repos. »

Et enfin, si tu t’appliques à ne vivre que là où tu vis, c’est-à-dire dans le présent, à ces conditions, tu pourras jusqu’à la mort passer ce qui te reste d’existence sans trouble, avec dignité, et en un constant accord avec le génie qui te gouverne[2].

    ser en toute liberté.

  1. Comme le dit Empédocle. Le vers d’Empédocle est déjà cité plus haut, liv. VIII, § 41.
  2. Le génie qui te gouverne. La partie divine de notre être, comme il est dit plus haut, § 1.