Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/104

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Personne n’en verra de semblable :
Leurs grands nez étaient longs d’un quart[1],
de leurs têtes sortaient des yeux comme chez des revenants,
ils ouvraient leurs gueules comme des loups affamés,
ils mettaient des jambes de bois
et marchaient comme sur des béquilles ;
ils étaient habillés de haillons ;
Si on les rencontrait en plein jour,
les cheveux s’en dresseraient d’effroi !
Tout à coup quelqu’un, que Dieu le bénisse !
cria d’une des petites séparations :
« Sauvez-vous tous, la maison brûle ! »
Dieu bon, si vous aviez vu cette honte !
On commença à crier, à hurler,
à casser tout, à pleurer, les chapeaux tombèrent.
Les hommes par centaines furent piétinés ;
on était serré à étouffer,
tel un troupeau chassé par une bête sauvage.
Le lendemain nous allons encore par là,
il n’y avait personne dans la maison,
ses portes étaient fermées.
Je vous raconterai encore une de leurs plaisanteries,
je sais d’avance que vous ne me croirez pas :
J’ai vu des hommes à Venise
qui sautent et dansent sur une corde.

  1. Un quart de mètre.