Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/146

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VIEILLE
(Raconte de sa voix tremblante.)


Quand je me préparai à venir par ici,
à Antivari un gavaz vint me voir,
envoyé par le pacha de Scutari ;
il m’amena à Scutari chez le vizir.
Le vizir avait entendu dire
que vous tenez un conseil entre vous
pour attaquer les Turcs de votre pays ;
et il m’envoie pour que je vous brouille
pour vous occuper de votre propre malheur.
Il m’apprit ce que je devais faire,
et me dit, — que son âme soit maudite :
« Personne ne te soupçonnera,
puisque tu vas souvent parmi eux ! »
Il me menaça, quand je le quittai :
« Si tu ne les brouilles pas, vieille, ces Monténégrins,
je te jure, sur la vraie religion turque,
que tes dix petits-enfants
et trois fils, tous trois mariés,
je les enfermerai tous dans ta maison,
et les brûlerai tous vivants ! »
Cette menace, frères, m’a donné de la force,
et j’ai voulu brouiller les Monténégrins.