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Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/162

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les cheveux argentés dans le dos,
ton visage est lisse et gai.
C’est une bénédiction du Très-Haut !


IGOUMANE STÉFAN


J’ai passé par le tamis et la passoire.
j’ai étudié tout ce pauvre monde,
j’ai bu son verre de poison,
j’ai connu la vie amère.
Tout ce qui est et qui peut être,
rien ne m’est inconnu.
Tout ce qui arrive je suis prêt à le recevoir.
Tous les maux qui sont sous le ciel
sont à l’homme un cadeau sur la terre.
Tu es encore jeune et inhabile, évêque !
Les premières gouttes d’un verre de poison
sont les plus amères et les plus difficiles à boire.
Si tu savais ce qui t’attend encore !
Ce monde est tyran au tyran,
encore plus à une âme noble !
il est l’union de la discorde infernale :
où l’âme avec le corps guerroie,
où guerroie la mer avec ses bords,
où guerroie le froid avec la chaleur,
où les vents guerroient entre eux,
où guerroie l’animal avec l’animal,