Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/179

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il appelle Baïo et Novak,
il appelle Drachko et Voukota,
et deux Vouk du village Trgniné :
Markovitch et Tomanovitch,
il appelle les vivants et les morts ;
il voit l’affreuse heure devant ses yeux !
Nos cœurs vivants se brisaient !
nous courûmes vers la maison de Radoun,
nous égorgeâmes les Turcs alentour,
nous sauvâmes Radoun de sa maison,
mais sa belle maison brûla !
Quelqu’un vint encore à notre secours
et nous chassâmes ce qui restait de Turcs
jusqu’aux Kokoti[1], en haut de Lïéchko-polïé,
nous en tuâmes quatre-vingt-trois.
Dans la bataille près de la maison,
les balles cassèrent mes tokés,
et à la fin de la lutte sanglante, —
le dernier fusil turc qui éclata,
je tenais mon djéferdar devant les yeux, —
il me le brisa, qu’il perde sa tête, (Il pleure)
en deux moitiés, comme si c’était un roseau !
Je regrette plus mon pauvre djéferdar,
que s’il m’avait coupé une main !

  1. Kokoti, village sur la première hauteur qui domine la plaine de Podgoritza ainsi que Lïéchko-polïé.