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Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/31

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ils anéantirent les forces serbes ;
Les Grands, que leurs traces disparaissent !
semèrent l’âpre graine de la discorde,
et empoisonnèrent ainsi le peuple serbe ;
Les Grands, affreux misérables,
devinrent les traîtres de la Patrie !
Que le soir[1] de Kossovo soit maudit !
Quel aurait été le bonheur, si, ce jour-là,
tous les Grands étaient tombés,
et que leurs traces aient disparu
et que Miloch soit seul resté au milieu de nous,
avec ses deux fidèles pobratimes[2] !
Alors le Serbe serait aujourd’hui vrai Serbe !
Brankovitch[3], maudite souche,
est-ce ainsi que l’on sert sa Patrie ?
est-ce ainsi que l’on considère l’honneur ?
Ô Miloch, qui ne t’envie ?
Tu fus la proie du plus noble sentiment,
le génie puissant de la guerre,

  1. Le soir de Kossovo, — la veille de la bataille, — le tzar Lazare avait dit à Miloch, devant tous les notables, qu’il le trahirait.
  2. Frères d’élection.
  3. Vouk Brankovitch et Miloch étaient gendres du tzar Lazare. Ils ne s’aimaient pas tous les deux. Vouk a dénoncé Miloch auprès de leur beau-père. Le jour de la bataille, Vouk a trahi, tandis que Miloch s’est montré glorieux en allant au milieu du camp turc avec ses deux pobratimes égorger Mourad II, sultan turc.