Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/32

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le tonnerre effrayant qui émiette les couronnes !
La grandeur de ton âme généreuse
surpasse encore la grandeur des combats immortels
de Sparte la Merveilleuse et de Rome la Grande !
Ton bras fier assombrit
tous leurs exploits éblouissants !
Que valent Léonidas et Scœvola,
quand Obilitch est sur le piédestal ?
Ton bras, d’un seul coup,
démolit un trône et fait trembler l’enfer.
Miloch ! gloire des héros, tu es tombé
comme une proie immolée sur l’autel du fléau du monde.
Tu es couché fièrement, grand voïvode,
sous les sources de ton noble sang.
Comme tu marchais fièrement tout à l’heure,
avec ton idée terrible[1], la poitrine gonflée,
à travers la sauvage nuée asiatique,
les dévorant avec tes yeux de feu !
Comme tu marchais fièrement tout à l’heure
vers le tombeau sacré de ta vie immortelle,
méprisant la lâcheté des hommes
et les machinations de la démente assemblée[2] ;

  1. Miloch Obilitch avait donné sa parole d’égorger le sultan Mourad, et avec ses deux pobratimes il a traversé tout le camp turc.
  2. L’assemblée des notables serbes la veille de la bataille de Kossovo où, soudoyé par Vouk Brankovitch, le tzar Lazare nomma publiquement Miloch Obilitch traître.