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Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/39

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je monte un cheval et je ceins mon sabre bien aiguisé,
je suis capitaine de la ville impériale,
j’y gouverne depuis trois cents ans,
mon grand-père l’a gagnée dans un de ces duels
où les sabres décident des royaumes
et elle reste à ses nobles descendants. »
Vouk Mitchounovitch s’enflamma
et s’approcha plus près de Hamza :
« Quel vlah, cochon de Turc !
depuis quand le traître est meilleur que le héros ?
quel sabre nommes-tu et quel Kossovo ?
n’étions-nous pas ensemble ce jour-là ?
j’ai lutté alors et je lutte encore maintenant,
mais toi, tu trahis avant comme après,
tu t’es déshonoré devant l’univers,
tu as renié[1] la religion de tes pères,
tu t’es fait esclave chez l’étranger !
Pourquoi te vantes-tu de ta ville et de ta noblesse —
toutes les villes turques qui nous environnent,
ne les ai-je pas remplies de tombes,
et ce ne sont plus des villes où peuvent vivre des hommes
mais des prisons pour de malheureux condamnés ?
Je suis un fléau de Dieu fait pour toi,
pour te punir de ce que tu as fait ! »

  1. Hamza, Serbe d’origine, a pris la religion musulmane, voulant conserver le pouvoir.