Aller au contenu

Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pourquoi réunis-tu tes hommes puisque tu n’oses pas parler ?
L’an dernier tu as failli être pendu par les Turcs,
Que Dieu fasse que tu expies sur tchénguélé[1] !
Tu regrettes quelque chose
et tu ne sais pas ce que tu regrettes,
Tu fais la guerre aux Turcs et tu les fais tiens en même temps,
Pour faire plaisir aux chrétiens.
Mais, il est vrai, ne te trompe pas,
Si tu leur tombes dans les mains, s’ils peuvent,
Ils te couperont la tête sur l’heure,
Ou, toi vivant, t’attacheront les mains
Et te feront souffrir, pour soulager leurs cœurs.
Le corbeau n’arrache pas les yeux à son frère ;
Un Turc ne fera jamais de mal à un Turc.
Frappe tant que tu peux frapper,
Et ne regrette rien au monde !
Tout est infecté de la trace du diable,
Notre terre sent Mahomed !


VOÏVODE BATRITCH (au knez Radé)


Tu as raison, mais pas complètement.
Tu aurais pu dire cela mieux,

  1. L’évêque Danilo a été traîtreusement pris par les Turcs. Ceux-ci l’avaient mis sur un pieu pendant trois jours jusqu’à ce que le Monténégro eût apporté la rançon. Tchénguélé ou crochet en fer après lequel les Turcs accrochaient les Serbes.