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Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/47

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Que les idées noires me hantent,
Que ma poitrine frémisse d’horreur ;
Celui qui est sur la colline même petite
Voit plus que celui qui est au pied de la colline.
Je vois un peu plus que vous autres,
C’est un bonheur ou peut-être un malheur !
Je n’ai pas peur de l’engeance du diable,
Si elle était même comme les feuilles d’une forêt,
Mais j’ai peur du malheur intérieur.
Nos riches familles ont pris l’Islam ;
Dès que nous attaquerons les Turcs de chez nous,
Personne n’abandonnera ses parents[1]
Et le pays se divisera en familles,
Et ces familles s’égorgeront,
Le diable viendra aux noces de Satan,
Et le nom serbe disparaîtra !
On supporte le mal par peur d’un autre pire !
Celui qui se noie attrape la mousse pour se sauver,
À la tête s’ajoutent les bras[2] !


KNEZ RADÉ (Le frère de l’évêque)


Pourquoi te noircis-tu puisque tu ne veux pas être forgeron ?

  1. Comme il y avait dans une même famille des mahométans (Serbes d’origine) et des Serbes orthodoxes, l’évêque avait peur que ces familles se soutinssent entre elles au moment de l’insurrection générale contre les Turcs.
  2. À la réflexion s’ajoute l’action.