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Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/52

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Le loup revendique ses droits sur la brebis,
Comme le tyran domine l’homme faible ;
Mettre un pied sous la gorge du tyran,
l’amener vers la connaissance du droit,
est le devoir le plus sacré de l’homme !
Si tu baises un sabre sanglant
et que tu t’enfonces dans les vagues de la nuit,
la gloire descend sur tes cendres.
Le sacrificateur européen, du haut de la chaire chrétienne,
insulte, crache sur l’autel de l’Asie.
La lourde massue asiatique brise
l’édifice sacré à l’ombre du crucifix[1].
Le sang innocent fume sur les autels,
les reliques saintes se transforment en poussière,
la terre gémit et les cieux se taisent.
Le croissant et la croix, deux symboles terribles…
leur royaume naît sur les tombeaux ;
ils se suivent le long de la rivière sanglante
dans la barque des souffrances,
il faut que l’un ou l’autre existe.
Mais l’insulte aux reliques saintes de notre enfance
est pour moi un tourment d’enfer.
Pas de nœud sur une tige droite ;
pourquoi la lune sur la croix de souffrance ?

  1. L’église.