Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/79

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Les dents fortes cassent la noix dure,
Le bon sabre coupe même une massue,
plus facilement encore la tête d’un chou.
Les roseaux ploieront toujours sous l’ouragan !
qui peut arrêter les ruisseaux
dans leur course vers la mer bleue ?
Qui ose sortir de l’ombre merveilleuse
de l’effrayant drapeau du Prophète ?
le soleil le brûlerait comme une foudre !
une main faible ne peut pas forger l’acier dur.
La souris dans la citrouille n’est-elle pas prisonnière ?
pourquoi mordre le mors ? — pour se casser les dents[1] ?
Le ciel n’a pas de prix sans la foudre !
Le foukara[2] a des yeux qui se dérobent.
La pauvreté change l’homme en brute affreuse,
ou en bonne âme quand on lui casse les côtes.
Malheur au pays où passe une armée ! »


KNEZ YANKO


Le marchand ment avec un sourire,
la femme ment en versant des larmes,
personne ne ment si grossièrement qu’un Turc.

  1. Allusion à la faiblesse du Monténégro : pourquoi vous débattre, puisque vous serez les vaincus.
  2. Misérable, lâche.