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SABBAT

moque des naturalistes, sait que ces insectes rouges, cornus, frénétiques, qui font entendre des paroles méchantes — zzzzzzz…i ! quand on leur chatouille le ventre, sont des diables.

Sabbat ! Tout est sabbat dans la nature heureuse. Saint Lis appartient à ses démons pourpres et sonores, et sainte Sorcière constate que la blancheur peut être plus agressive, plus souveraine que mille lances dirigées vers le soleil. « Comme la pureté est terrible !… » murmure-t-elle, et saint Lis prend, à ses yeux, forme d’Archange bardé d’argent.

« Que tu es beau ! Que tu es beau ! » Les rayons s’exaspèrent autour du cœur embrasé, foyer de violence et d’amour. Voyons, qui palpite ainsi : les pistils animés du mouvement créateur ou la flamme plantée dans la poitrine des Lucifers ? Est-ce le pollen, averse odorante, qui tombe au vent, ou la pensée démoniaque qui cherche, dans l’azur et la clarté, des réceptacles divins ? « Tige de saint Lis, êtes-vous le corps de saint Lis ? Pétales soyeux, êtes-vous des caresses ? Baiser de Satan, m’appelez-vous par cette bouche de fleur ? »

Sabbat ! Tout est sabbat au soleil de la poésie.

Et, autour de ce lis que, par jeu, sainte Sorcière a fait saint parce qu’il est innocent, comme elle est innocente, parfois, un serpent rit, la Genèse à sa bouche dangereuse, une tortue semble semer, en se promenant, sur le