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Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/149

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SABBAT

apprise une religieuse directrice d’ouvroirs, un de ces cierges maladifs qui n’éclairent que de la teinture d’iode et des humeurs froides. La cuisine où nous nous trouvions était un de ces bouges que les cancrelats parcourent, la nuit, comme des veines noires, et la lampe à essence, fumeuse et chétive, veillait…

Je compris qu’Hortense, confessée du matin, employait ingénument, contre moi, une manœuvre de sacristie.

Pourtant, j’écoutai jusqu’à la fin l’histoire des sept nonnes qui, liées l’une à l’autre, étouffaient dans une impasse du Purgatoire et ne cessaient pas de tremper leur robe de bure d’une sueur d’angoisse qui roulait, en perles de soufre, sur leurs mains vertes. C’était charmant. On ne peut s’imaginer de quoi sont capables, dans le délire, ces abouliques qui mettent la justice de Dieu en litanies dignes d’être psalmodiées devant les plus beaux sujets du musée Grévin.

Je n’ai pas besoin de te dire qu’avec l’aide du tisonnier, je laissai Hortense pour morte, au milieu de ses blattes, de ses cloportes, de ses mille-pattes, entre l’évier douteux et le portrait d’un propagateur de la Foi, un missionnaire couleur de bile.

Dès lors, ma dame de compagnie fut à moi, comme la braise au fourneau, comme l’araignée à sa toile, comme la glande salivaire à la gourmandise.

Entrons chez elle. Le Juge que je représentais vient de mourir à 76 ans. On ne l’a