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SABBAT

tre de Novembre. Dieu !… Il y a les rancœurs qui s’éveillent, sous les rideaux fermés, et la fermentation de l’esprit qui est insupportable aux narines délicates.

Pas cela… Autre chose… Quoi ?

La méditation dans l’Église est maudite pour moi car ce Dieu qui ne me séduit qu’en raison de ses fastes voluptueux m’égare, et je suis, au fond, trop religieuse et trop honnête pour confondre la foi et la poésie, la sensualité et la prière, la gloire du Seigneur et cette Damnation qui fit toujours, pour moi, les verrières animées comme mille comètes rouges, comme mille étoiles violettes, comme mille soleils sertis par la science des Asmodées et par la langueur ineffable des Lucifers aux yeux trop bleus…

La frénésie de la joie mène à l’autre qui a une fin et — excuse-moi ! — cette odeur de sueur et de fatigue que je n’ai jamais pu pardonner aux trimardeurs.

Peut-on se lever joyeux d’une couche souillée et se sentir encore poète ? Non. La volupté doit descendre de l’âme comme une divinité qui sourit à son sacrifice. Mais, écoute : elle doit y remonter avant que le couteau ait été plongé dans sa gorge et que ses entrailles fument sur l’autel brutal et brûlant.

Je l’admets comme une Annonciation mystérieuse… Comme l’espérance que nous poursuivons, à jamais, d’une sandale verte, dans les prés émerveillés du soir…

Elle doit être le festin servi, mais pas la