Page:Réchetnikov - Ceux de Podlipnaïa, trad Neyroud, 1888.djvu/34

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avec ceux de Podlipnaïa. Les paysans, encouragés par son activité, travaillaient tant qu’il était avec eux, mais sitôt qu’il était parti, se couchaient à terre à ne rien faire. C’était lui qui leur conseillait de faucher l’herbe et de la mettre en meules quand il était temps ; ils n’auraient pas eu cette initiative. Pila avait vu un jour un paysan vendre des simples ; il s’était mis à en recueillir et à soigner ses voisins avec des tisanes dont il ne connaissait pas la vertu ; pourtant ils guérissaient quelquefois très vite, ce qui est assez étrange.

C'’était toujours aussi Pila qui allait au village vers le pope quand il fallait marier, baptiser ou enterrer quelqu’un, car les paysans de Podlipnaïa craignaient fort le prêtre, qui exigeait toujours qu’on le payât, et qui savait effrayer son monde. Le marié et la mariée s’en allaient mendier de droite et de gauche, sous la conduite de Pila, jusqu’à ce qu’ils eussent réuni les kopecks exigés par le pope. Toujours gai, et rarement malade, Pila était le moins malheureux des Podlipovtsiens, aussi les autres paysans le croyaient-ils sorcier. On le craignait, ce qui l’amusait fort.

Matriona, sa femme, était comme toutes les femelles de Podlipnaïa, assez maladive, mais vigoureuse quand elle était bien portante. Elle n’avait, du reste, pas d’autre occupation que celle de traire la vache ; aussi dormait-elle