Page:Réchetnikov - Ceux de Podlipnaïa, trad Neyroud, 1888.djvu/35

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toute la journée. Pila l’aimait à sa manière ; quand il allait au village ou à la ville, il la prenait avec lui. Souvent elle ne voulait rien faire, alors son mari l’assommait de coups, comme son cheval.

Leurs enfants, Aproska, qui avait dix-neuf ans ; Ivan, qui en avait seize ; Pavel, de deux ans plus jeune que son frère, et Tiounka, marmot de cinq ans, avaient crû au hasard de la destinée. Aproska était une jeune fille maigre, peu jolie, souvent malade et paresseuse comme sa mère. Son père ne se faisait pas faute de la rouer de coups, quoiqu’elle fût sa préférée. Ivan et Pavel avaient beau être malades, il ne les laissait pas fainéanter ; toutefois, s’ils étaient trop faibles pour se lever, il les bourrait de tisanes et les nourrissait un peu mieux. Il n’en avait pitié que quand ils hurlaient, et encore leurs plaintes l’embètaient-elles bien vite. Les deux frères étaient grands amis et travaillaient toujours ensemble : ils avaient chacun la prétention de travailler mieux l’un que l’autre.

Leur amour pour les filles se bornait à les pincer, à les taquiner et à les injurier. Pila désirait qu’Ivan se choisit une fiancée, il l’envoya un jour vers Agacha, qui, à son idée, convenait parfaitement à son fils. Ivan ne voulait pas aller vers elle.

— Bûche que tu est tu verras comme c’est bon d’avoir une femme !