Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/110

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qu’il inspirait. Malgré sa disgrâce, il avait la main longue et rien n’est éternel en ce monde, même les mauvaises postures où l’on peut se trouver quelquefois. On se contentait donc de déclarer Alvise Alvenigo un original fieffé. On riait de sa mise négligée qui allait jusqu’à la crasserie, de son vêtement taché d’encre et de son gros nez plein de tabac. On faisait aussi des gorges chaudes du goût qu’il conservait pour les gens de théâtre. En effet, il ne passait pas par Vicence une troupe d’acteurs qu’Alvenigo ne la mandât chez lui à la Rotonda. Il les traitait magnifiquement, proclamant que de bons comédiens sont l’honneur de leur siècle et qu’il était plus fier de recevoir à sa table un signore Capagnole que le Podestat de Vicence en personne.

C’était donc chez ce bizarre personnage que j’allais habiter désormais. La chose avait été réglée à l’issue de la fête conjugale des Vallarciero. Le gros Alvenigo, après s’être enquis