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Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/203

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perclus, la tête restait bonne et ce fut dans le meilleur latin que nous nous épanchâmes. Le bon abbé en semblait tout regaillardi. Il me fit promettre de lui amener Pierina le lendemain. Il voulait la voir, lui parler et l’exhorter à la raison. En nous séparant, l’abbé me recommanda la prudence et de me montrer le moins possible en public, car les sbires du Podestat avaient l’œil sur les étrangers. Je rentrai assez tard à l’auberge et je montai à notre chambre d’où Pierina m’avait promis de ne point sortir durant mon absence. Je l’y trouvai, en effet, mais quel ne fut pas mon étonnement de la voir parée de sa plus jolie robe et, toutes les bougies allumées, en train de se faire des mines au miroir ! À mon air dépité, elle répondit en me complimentant de la galanterie de mes concitoyens. De sa fenêtre, elle avait reçu, des passants, beaucoup d’œillades, et deux jeunes seigneurs, très bien mis, avaient passé et repassé plus de dix fois dans