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Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/33

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ressaient infiniment par leurs attitudes et leur vêtement, pour la plupart à l’antique, par leurs attributs et par la pompe ou la grâce de leur aspect. Quand je les avais bien regardées, je m’exerçais à imiter, de mon mieux, leurs gestes et leurs expressions. À ce jeu, mon âme d’enfant s’exaltait sans que je susse exactement pourquoi, mais cette exaltation me causait de véritables délices. Je me sentais transporté dans un monde surnaturel, dont ces statues me semblaient les représentants, et ceux qui habitaient les nobles édifices dont elles avaient la garde me paraissaient participer de leur noblesse et de leur dignité.

Quoique je les entendisse souvent nommer par ma mère, qui portait chez eux ses lingeries et ses fanfreluches, je ressentais pour les maîtres de ces opulentes demeures une vénération singulière. Ce sentiment était chez moi si fort et si naïf que j’avais peine à compren-