Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/65

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fioles et de médicaments et deux bons fauteuils garnis de cuir brun. Aux murs étaient fixés des images de piété. Une porte entrebâillée donnait dans une pièce voisine. Il n’en sortait aucun bruit, et, comme j’étais très faible, j’allais me rendormir, sans pousser plus loin mes investigations, quand, de la rue, le jappement éloigné d’un chien parvint à mes oreilles.

Ce jappement produisit sur moi un effet singulier. À peine l’eus-je entendu que la mémoire me revint. Soudain, je me rappelai la nuit funeste, l’incendie du palais, les larmes de la Comtesse, la généreuse folie de ma mère courant, suivie de mon père, chercher dans les flammes le carlin oublié, leur apparition tragique, derrière les barreaux de la fenêtre, l’animal passé au travers et mes parents précipités dans le brasier. Ces souvenirs furent si forts, si déchirants que je mis mes mains sur mes yeux et poussai un cri de détresse.