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Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/108

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aucune trace de boue : son habit semblait poussiéreux, une longue toile d’araignée pendait à son coude et il tenait à la main une clef. Sans rien dire, il alla droit au mur de la chambre où un clou fixait un christ d’ivoire, le saisit et le brisa sur le pavé et à la place il suspendit la lourde clef rouillée. Sa figure était violente et pâle. Madame d’Heurteleure resta un instant sans comprendre, immobile, puis, tout à coup, portant ses mains à son cœur, elle poussa un cri et tomba à la renverse.

Quand elle reprit ses sens, l’affreuse aventure lui apparut. Son mari avait dû attirer M. d’Aiglieul dans quelque guet-apens. La vieille demeure à base de forteresse contenait dans ses flancs des réduits invisibles, et des cachettes éternelles. Un cri, le sien, vibrait encore à ses oreilles, mais il lui semblait venir d’en bas, sourdre de la pierre entassée, perçant les voûtes superposées, arrivant jusqu’à elle de ces lèvres dont la séparait à jamais l’épaisseur des murailles. Elle voulut sortir, la porte résista ; des cadenas fermaient la fenêtre ; les domestiques habitaient loin.

Le lendemain, M d’Heurteleure vint lui ap-